[f° 86. Bande de papier sur laquelle est collée, tranversalement, une autre bande. Ecriture très rapide. Le texte, qui forme un ensemble suivi, est démembré par son emploi.]
+-t-il. Je leur parlerai, à ces lords. Je les avertirai ces puissants, ces grands, ces riches. ["Je les avertirai..." ajouté] Ils ont tout, et ce tout se compose du rien des autres. Il y a de la détresse [corrige "du +"] au-dessous d'eux. Je la [corrige "le"] leur dirai. Je serai ["éloquent" barré en correction cursive] vrai. Ils m'écouteront. Je serai éloquent. Il m'applaudiront. [Ce qui précède est barré d'un trait vertical et employé en II, 5, 5, f° 420] Je leur dirai la souffrance immense des hommes. J'arriverai avec tous les haillons du peuple dans la main, et je secouerai sur les maîtres l'infortune [corrige +] des esclaves, et ils ne pourront plus, eux les princes, se débarrasser du souvenir des pauvres, et tant pis si c'est de la vermine et tant mieux si elle tombe sur les lions. ["Je leur dirai la souffrance..." ces lignes sont entourées d'un filet et barrées de quatre traits obliques; elles sont reprises, moyennant suppression partielle du futur, en II, 8, 7, f° 537. A hauteur de ces lignes mais valant peut-être pour toute la page, V.H. écrit en marge: "Affaiblir et finir par le cri d'orgueil."] Je leur dirai: guérissez les peuples, si vous voulez être guéris. Je leur dirai: le mal des petits finit toujours par être le mal des grands. Soyez justes + + vous sauvez le peuple, et + + +, et vous vous sauverez. Je leur dirai: faites de bonnes lois et le peuple m'aimera et quand je passerai il battra des mains, et quand l'envie dira: Voilà un grand, la reconnaissance ajoutera: Voilà un juste! ["Je leur dirai: guérissez...": en face de ces lignes, désignées par une accolade, V.H. écrit: "peut-être à réserver pour" [la découpe du papier a emporté la suite] ; de fait, ce texte, quoique barré d'un trait vertical, n'est pas utilisé, du moins pas tel quel; mais l'évocation du succès futur rejoint l'idée des premières lignes de ce folio.]
Je sors du mépris pour entrer dans le respect et tout ce que j'ai eu en dédain, je vais l'avoir en agenouillement.
[Barré de deux traits verticaux; emploi, mais pour l'idée, dans le premier mouvement de la méditation de Gwynplaine en II, 5, 5]
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[verso, tout entier barré d'une grande croix]
[à 90°]
Il lui semblait que cela avait été l'espérance de toute sa vie, que c'était le but de tous ses rêves. Il disait: je crois que je m'en doutais (?), qu'il avait été + pour cela, qu'il y était prédestiné [nous ne lisons pas la trentaine de mots qui suivent] Aussi quel triomphe
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[à 270°]
qu'il arrivait porteur de ce flambeau, la vérité, et de cette épée, la justice!
[Ces deux fragments sont intégrés au texte, en II, 5, 5, f° 420, qui assimile aussi le premier fragment du recto.]
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[à 90° pour les textes qui suivent]
métamorphose
[Le mot est employé en II, 5, 5, f° 420]
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Je me sens envoyé. Je me fais missionnaire.
C'est pour me donner la parole parmi les heureux [corrige "puissants"] que Dieu m'a d'abord mêlé aux malheureux. C'est pour cela que les écueils, les flots, les écumes ont respecté l'épave [variante: "la fiole"] où était [la] transformation de Gwynplaine en lord Clancharlie.
[Ebauche employée en II, 8, 7, f° 533; mais pour la bouteille à la mer préservée vue comme signe du destin, II, 9, 2, f° 561]
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J'arrive des profondeurs. [phrase reprise en II, 8, 7 f° 532 dans le discours de Gwynplaine aux lords] Je vais parler aux hauteurs