[f° 108v. 138/609 au recto. Le support est la lettre ci-dessous. La feuille est entièrement couverte de notes, toutes de la même écriture, écrites dans toutes les directions. On s'efforce de progresser de haut en bas et de gauche à droite. La quasi-totalité de ces notes est employée en II, 8.]
Paris ce 6 juillet 1866
C'est bien humblement que je vous adresse mes pauvres vers. Votre nom serait assurément dans ce livre, si quelque chose s'y était trouvé qui fût digne d'une aussi illustre dédicace. Je ne l'ai pas pensé et ma seule prétention, en vous l'adressant, c'est de vous exprimer, si faiblement que ce soit, ma très profonde, ma très respectueuse et très sympathique admiration.
Armand Silvert
26, boulevard des Filles du Calvaire
[à 90°]
Nicolaz et Schaller nient absolument, et à tort, la torture en Angleterre. [source : Pierre-Jean Grosley, Londres, t. IV, p. 61-62. Le même ouvrage est dépouillé au f° 209 de même écriture.]
[à 180°]
Les lords jugent sur leur honneur sans prêter serment. La pluralité des voix suffit et fait arrêt. [même source, p. 45-46]
- Barnevelt, mis en accusation questionne un jurisconsulte hollandais sur ce qu'on doit faire quand on est jugé par commissaire. — Son testament, répond l'homme de loi. [même source, p. 47-48]
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Il y a des instruments de torture à la Tour de Londres. [même source, p. 54] Il est arrivé que les juges forains serre[nt] les pouces des accusés pour les forcer à parler et leur épargner la peine forte et dure. Le peine forte et dure, c'est la presse sous les pierres. (détails)
[ibid. p. 57. On y trouve, p. 56, la description détaillée, en latin, de la peine forte et dure, y compris le "et plus" et le détail des jeunes de boisson et de nourriture; elle est employée en II, 4, 8, f° 374 et suiv.]
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Nicolas Xavier Heerkens (de Groningue) dans sa dissertation inaugurale (1757) établit seulement la sobriété dans la torture en Angleterre. [Cf. «J'ai été tiré de cette perplexité par le présent que m'a depuis fait M. Schvepflin, historiographe du roi et professeur royal d'histoire et de belles-lettres à Strasbourg, de l'ouvrage publié en 1697 par Augustin Nicolaz, jurisconsulte de Besançon, sous ce titre: an quaestione per tormenta criminum veritas elucescat. L'auteur y a joint un traité en forme de thèse très-étendu, intitulé Paradoxon de torturâ in R.P. Christianâ non exercendâ, à Jac. Schallero, Phil. Pract. Profess. Argentorati.
Ces deux traités à peine connus ou plutôt entièrement ignorés en France, m'offraient, relativement à mes vues, tous les objets de mes recherches. Ils formaient la base d'une dissertation inaugurale présentée en 1757, à la faculté d'Orléans pour le Doctorat, par Nicolas-Xavier Heerkens de Groningue. Cette dissertation, dont M. Michaut m'a aussi gratifié, resserrant la question dans des bornes plus étroites, établit seulement la sobriété dans l'usage de la torture: l'auteur craignant sans doute d'effaroucher ceux qui ne connaissent qu'une aveugle routine, en leur présentant une négative absolue d'après Nicolaz et Schaller." -(Pierre-Jean Grosley, Londres, t. IV, p. 61-62.)
Le roman revient plusieurs fois sur la question -voir II, 4, 8, f° 370 et II, 8, 7, f° 539]
Les notes qui suivent ont sans doute été prises lorsque Hugo songeait à faire comparaître Gwynplaine devant la Chambre réunie en cour de justice; il a renoncé à l'épisode, de là que la plupart de ces notes sont inemployées, quoiqu'il y puise quelques détails.
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Les lords pour délibérer se retirent dans leur chambre (House, lieu des débats politiques).
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Une loi d'Edouard VI accorde aux pairs les privilège de ne pouvoir être punis pour homicide simple. Lord Byron, ayant tué M. Chaworth en duel, fut absous en vertu de cette loi (18e siècle).
[au coin supérieur droit du texte, une croix; et, dans sa marge, "employé". Ce l'est effectivement en 0, 1, 3, f° 12. Même source, p. 21 et 35]
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La séance s'ouvre par le cri Oyez que pousse trois fois un héraut, appuyant lugubrement sur la première syllabe.
[barré de deux traits obliques; employé en II, 8, 3, f° 508. Même source, p. 29.]
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Les pairs absents sont sommés d'assister au procès. La famille royale y est invitée. [même source, p. 22]
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Le grand sénéchal interroge l'accusé. L'accusé a le droit de mentir.
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Le grand Condé reçut un soufflet du comte de Rieux, et ne se battit pas. Ireton reçut une nazarde d'un membre du parlement à qui il refusait de se battre en duel. [même source, p. 43-45]
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[à 270°]
L' is pater est gouverne le mariage. L'enfant né en l'absence du mari est légitime. Pourtant, si le mari a été absent dans les qutre mois, le roi d'Angleterre peut, assisté des lords, déclarer [variante: "rendre"] illégitime cet enfant légitime.
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Les députés doivent être nommés sans les trois P. (sine prece, sine pretio, sine poculo) Corruption interdite.
[barré de trois traits obliques; employé pour une addition en II, 8, 2, f° 502]
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En 1774, il y avait 235 pairs, 4 princes royaux, 23 ducs, 1 marquis, 80 comtes, 14 vicomtes, 69 barons, 26 archevêques et évêques, 16 pairs d'Ecosse. [source: P.J. Grosley, ibid., p. 26]
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Procès d'un pair, grande salle de Westminster (Westminster-Hall) la même où a été jugé Charles Ier en janvier 1649. Salle gothique à voûte en chataignier, toute tendue de pourpre (écarlate) éclairée de hauts vitraux. [même source, p. 20 et suiv.]
[au-dessous, à gauche, le plan de cette salle avec l'emplacement des participants, soit de haut en bas et de gauche à droite: "loge de la famille royale, dais, loge des ambassadeurs", au centre le "trône royal" et, au-dessous, un "sac de laine", encore au-dessous la place du "grand sénéchal", puis deux autres sacs de laine; à gauche et à droite sur toute la longueur, les "pairs" et, au-delà, le "public"; plus bas, au centre, le "procureur général", au-dessous, l'"huissier de la verge noire", au-dessous, la "barre", puis l'"accusé en noir / grandes pleureuses"; à gauche et à droite un "sergent d'armes une hache sur l'épaule, le tranchant dehors"; tout au bas, des "hallebardiers". Ce plan est dessiné en suivant la description de la même source, p. 23-24]
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Foule. Pairesses avec leurs couronnes. Tête passant par les vitraux. Une fois un vitrail cassa et un spectateur tomba sur le public de 40 pieds de haut, sans avarie. On le laissa. [ibid. p. 26. A noter que le récit de la source se conforme moins exactement que VH à la scène inaugurale du concours de grimaces de Notre-Dame de Paris où les concurrents passent la tête par une vitre brisée de la rosace. Cas étrange de source a posteriori.]
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[au-dessus, à droite:]
Le public est introduit (4000 spectateurs en 3 jours) sur billets aux armes du grand chambellan. Les billets se vendaient au procès de lord Byron (1774) jusqu'à 6 guinées. Les pairs en robes d'écarlate doublée d'hermine. Ils entrent deux à deux et saluent le trône en passant devant. Ils ont la coiffure et le chapeau qu'ils veulent. Le lord-chancelier fait grand-sénéchal a une longue baguette de coudrier, baguette blanche, qu'il ne quitte pas et qu'il brise, le jugement rendu. Le grand-chambellan, grand-maître des cérémonies, a la même baguette, moins longue. Le pair accusé est amené vêtu de deuil et en grandes pleureuses, de la Tour. Conduit dans son carrosse par l'huissier de la verge noire. Il paraît à la barre entre deux sergents porte-haches en ayant derrière lui une troupe de hallebardiers. Il reste debout tout le temps du procès. [ibid., p. 24-36; VH recompose des informations donées dans un ordre tout différent au long de ces douze pages, mais il recopie exactement l'étrange formule "vêtu de noir et en grandes pleureuses".]