Du moins ne l’était-il pas jusqu’à la publication de l’Annuaire des deux mondes pour les années 1851-1852. Mais déjà un bel article de Tocqueville, traduit en anglais et publié anonyme dans le Times du 11 décembre 1851, avait donné  le texte, presque identique, de la délibération de la Haute Cour et mentionné les deux procès verbaux joint (Lettres choisies – Souvenirs, éd. F. Mélonio et L . Guellec, Gallimard, « Quarto », 2003, p. 729 et suiv.). Le livre de Ténot (1868) reproduit également un texte très proche et souligne lui aussi sa différence avec « celui qui fut affiché par les soins des républicains, et qui a été seul reproduit dans les récits du coup d’Etat publiés en France jusqu’à ce jour ». Dans ce dernier la Haute Cour ne se contentait pas de désigner un procureur et de s’ajourner mais, court-circuitant l’instruction, déclarait Louis-Napoléon Bonaparte prévenu du crime de haute trahison et convoquait le haut jury. On comprend que les républicains aient eu intérêt sur le moment à gauchir l’arrêté emberlificoté et temporisateur de la Haute Cour ; on comprend moins que les écrivains officiels aient ignoré le texte authentique.