Ce n’est pas faux, mais depuis Louis-Napoléon Bonaparte avait pris la précaution, dans une lettre rendue publique à son aide de camp Edgar Ney, de se désolidariser de la conduite de l’Assemblée et de faire retomber sur elle la responsabilité de ce coup de force contre la République romaine. Il était plus que « paradoxal », inconstitutionnel, le préambule de la Constitution disant : « [la France] n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple ». Hugo était intervenu à l’Assemblée, le 19 octobre 1849, sur cette « affaire de Rome », prenant nettement ses distances, pour la première fois, avec la majorité conduite par Thiers (Actes et Paroles, I, 2, vol. « Politique », p. 207). Son intervention fut pourtant interprétée comme un appui au prince-président, à tort puisqu'il n'est guère mieux traité que la majorité. Ce dernier profita de la crise pour se débarrasser de la tutelle de la majorité parlementaire et nommer un « ministère de confidents » à sa botte. Hugo voit avec raison dans l’agression contre Rome le premier acte du coup d’Etat, même si (ou d'autant plus que) l’Assemblée y a donné la main.