L’échec de la révision de la Constitution fut un épisode décisif de la Deuxième République, mais si familier aux contemporains à qui le livre est destiné que Hugo peut se contenter d’y faire allusion par cet éloquent hasard à double fond.
La Constitution prévoyait que le Président, élu pour quatre ans, n’était pas immédiatement rééligible. Pour ne pas avoir à attendre, Louis-Napoléon Bonaparte fit déposer un projet de révision qui vint en discussion à l’Assemblée le 28 mai 1851. Hugo intervient dans le débat le 17 juillet par un discours (Actes et Paroles, I, 9, vol. « Politique », p. 271 et suiv.) qui eut un grand retentissement : « Quoi ! après Auguste Augustule ! Quoi ! parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit ! » Le projet obtint largement la majorité absolue, mais pas la majorité qualifiée des deux-tiers voulue pour une révision constitutionnelle. La gauche savait qu’elle poussait le président au coup d’Etat ; elle savait aussi qu’elle préservait le principe républicain d’un compromis où il aurait perdu sens et valeur. Depuis, la République s’est, en France, identifiée à la démocratie.