Hugo simplifie quelque peu : la liquidation des Ateliers nationaux impliquait aussi l’abandon définitif de toute forme de droit au travail. Proclamé le 25 février 1848, le droit au travail est enterré à l’Assemblée par le rejet en septembre, dans la discussion de la Constitution, de l’amendement Glais-Bizoin : « La République doit protéger le citoyen dans sa personne, sa famille, sa religion, sa propriété, son travail. Elle reconnaît le droit de tous les citoyens à l'instruction, le droit à l'existence par le travail et à l'assistance dans les formes et aux conditions réglées par les lois » Dans le vote (596/187) Hugo s’était abstenu. Son raisonnement ici se retourne, ou plutôt Hugo retourne le raisonnement commun : c’est précisément parce qu’ils ont dû se lever en juin 1848 contre l’Assemblée, alors même qu’ils l’avaient élue, qu’ils ne la défendront pas aujourd’hui. Quel fut le poids du souvenir de Juin dans l’abstention des ouvriers au 2 décembre ? Lourd à coup sûr. Mais les historiens en discutent encore parce que la défiance envers l'Assemblée ne s'était pas traduite, après Juin, par l'abstention aux élections comme ce sera le cas après la Commune, et aussi parce que, depuis Juin, s’étaient ajoutées à ce grief toutes les dispositions répressives et antipopulaires (en matière d’impôts indirects en particulier) prises par la Législative.