Au lendemain des journées de Juin, Hugo, qui avait donné de sa personne face aux barricades, milite contre les restrictions apportées aux libertés de presse et de réunion, pour la levée de l’Etat de siège et pour un adoucissement de la répression, auquel il contribue personnellement dans plusieurs cas individuels. A la Législative, il est de la petite minorité (184/417) en faveur d’une proposition tendant à l’amnistie déposée par le fils du roi Jérôme, Napoléon Bonaparte. Elle ne sera jamais votée. On comprend qu’il mette l’accent sur le refus de l’amnistie. Mais Schœlcher le met sur le désarmement, auquel Hugo avait participé : « En montant à pied le faubourg Saint-Antoine, nous avions vu les ouvriers rassemblés par groupes sur les portes de leurs maisons. Ils étaient mornes, mais tranquilles, et quand nous leur disions : “Ne faites-vous rien ? Est-ce l’empire que vous attendez ?”, tout en répondant, “Non, non, jamais !”, ils ajoutaient “que voulez-vous que nous fassions ? Nous n’avons pas d’armes ; on nous a désarmés après juin 1848 !” Ces derniers mots nous ont été répétés dix fois dans des groupes différents. Oh! ceux qui désarmèrent le peuple alors furent bien coupables ! Ce souvenir est resté cuisant dans son esprit, et il nous le rappelait avec un accent qui semblait dire : “C’est vous qui nous avez désarmés !” Comme si la Montagne n’avait pas publiquement protesté contre une mesure si opposée à l’esprit démocratique, si funeste pour la république, et dont il n’était que trop facile de prévoir les fatales conséquences ! Le désarmement du peuple en 1848 est bien certainement une des causes de son inaction en 1851. »