Juxtaposées à toutes sortes d’autres, parfois insignifiantes, les informations qui suivent perdent leur importance. Elles indiquent pourtant que la résistance a beaucoup progressé dès la journée du 3 et pas seulement en fin de soirée. Ce sursaut ne devait pas grand-chose au Comité des représentants. Ténot : « Ceux des représentants républicains qui poussaient à la résistance et se montraient dans les rassemblements n’étaient pas d’accord sur l’opportunité de la lutte à force ouverte. Tandis que plusieurs, – ceux qui étaient allés au faubourg Saint-Antoine et d’autres encore parmi lesquels l’illustre poëte Victor Hugo, – étaient d’avis qu’il importait de commencer sur le champ des barricades et de résister à coups de fusil ; d’autres pensaient qu’il valait mieux temporiser encore, attendre que le peuple parût mieux disposé, etc. De là mille avis contraires qui se croisaient dans les rassemblements et paralysaient souvent la bonne volonté des plus résolus. Le bruit s’était répandu qu’un comité de résistance, composé de représentants républicains, était constitué. Beaucoup passèrent de longues heures à la recherche de ce comité, qu’il était d’autant plus difficile de rejoindre que ses membres agissaient pour la plupart individuellement dans des quartiers divers.

« Cependant, bien que beaucoup de républicains se soient plaints de ce que, dans cette journée du 3, l’inaction des uns, les contre-ordres des autres aient compromis le succès de la résistance, il est incontestable que le mouvement grandit singulièrement dans l’après-midi de ce jour et que la physionomie de Paris devint de plus en plus sombre. »

Plusieurs messages alarmés de Maupas à Morny enregistrent cet assombrissement. Plusieurs autres, de Morny à Magnan, critiquent la stratégie adoptée de saturation du terrain par des patrouilles : elles fatiguent les soldats, les exposent et sont inutiles, l’adversaire se reformant après leur passage. Mieux vaut « laisser les insurgés s’engager tout à fait et des barricades sérieuses se former, pour ensuite écraser l’ennemi et le détruire. » Morny a gain de cause dans le conseil militaire tenu dans la soirée : les troupes sont retirées et n’interviendront, le lendemain, qu’en masse pour des assauts décisifs.