Schœlcher :
« A six heures, M. Primorin sonnait doucement à la porte de M. Baze ;
une femme de service vint ouvrir ; on envahit aussitôt l’appartement et la
chambre à coucher. M. Baze, réveillé en sursaut par le bruit, était
debout ; on se jeta sur lui au moment où il passait une robe de chambre,
il se défendit des pieds et des mains avec l’énergie nerveuse qui est dans son
caractère et eut à souffrir toutes les brutalités de la force ouverte. Ce fut
une scène odieuse. Pendant qu’il se débattait contre les agresseurs, sa femme,
aussi courageuse que lui, ouvrait les fenêtres et demandait assistance à grands
cris. Les hommes de M. Bonaparte ne craignirent pas de porter les mains sur une
femme vêtue comme on l’est au lit, et déchirèrent, sans pudeur, le seul
vêtement qu’elle eût sur elle ! M. Baze exaspéré, peu soucieux des
fictions légales, opposait toujours la plus vive résistance matérielle ;
enfin, les agents de police, toujours sous les yeux des soldats et des
officiers du colonel Espinasse, parvinrent à l’arracher de chez lui et le
traînèrent tel qu’il était, presque nu, jusqu’au corps de garde de la place
Bourgogne ! Là, après une demi-heure d’attente, on lui fit chercher des
habits. Lorsqu’un huissier de l’Assemblée les lui apporta, M. Baze lui ayant
demandé si le président de l’Assemblée et le général Leflô étaient aussi
arrêtés, les janissaires défendirent à l’huissier de répondre, en le
menaçant ! »