Le récit de Juliette date les faits différemment et est moins
dramatique : sortie au matin du 5, elle regardait une maison atteinte par
les balles, aux « murs troués comme une poële à marrons ».
« Pendant que je regardais, la tête levée, j’entends des vociférations
menaçantes. Je me retourne et je vois un des dragons m’ajuster avec son
pistolet. La surprise, l’indignation et une sorte de désespoir me font
crier : “ Eh bien quoi ! A qui en voulez-vous ? ”
Il continuait à agiter son pistolet, en prononçant des injures que sa langue
épaissie par l’ivresse m’empêchait de distinguer. » Mais il est exact
qu’elle s’est, la veille, « aventurée dans ce carnage » et qu’elle a,
comme beaucoup d’autres en cette journée, « marché dans le sang ».