Aux motifs politiques généraux de l’abstention des ouvriers, s’ajoutaient d’autres raisons. L’absence de direction, aux deux sens, est signalée à Hugo par le témoignage écrit que lui adresse A. Desmoulins : « Les communications sont coupées. On ne traverse plus ni les quais ni les boulevards. Grace au malheureux système suivi depuis deux jours, il est devenu impossible de réunir l’assemblée populaire. Le peuple manque de direction au moment même où il se montre le plus disposé à la défense. De Flotte d’un côté, Victor Hugo de l’autre, Schœlcher ailleurs, poussent activement au combat et vingt fois exposent leur vie, mais on ne sent pas d’unité dans leurs efforts. Nul ne les sent appuyés par un corps organisé. […] On veut bien combattre, mais on veut savoir pourquoi ; les prolétaires veulent que cela soit pour la révolution, et ils ne savent pas où elle est représentée. »

Le désaccord tactique est dit dans le témoignage d’Esquiros : « La plupart des hommes que j’avais réunis la veille [le 3] étaient d’ailleurs opposés au système des barricades ; ils avaient tous combattu en Juin et soutenaient que le système des sorties brusques était très supérieur à celui des barricades. Il ne faut pas, disaient-ils, localiser l’insurrection. C’était aussi mon avis. »