Le récit de Schœlcher est légèrement différent : « Dès que les
troupes parurent, il descendit de leur côté pour les haranguer. L’officier
commandant, ému de la généreuse ardeur qui animait ses gestes et ses paroles,
et qui rehaussait la beauté mâle de son visage, voulut le préserver du fatal
destin. Il essaya de lui montrer l’inutilité de la résistance en face des
forces supérieures des insurgés. Le noble jeune homme repoussa cette honorable
sollicitude, et n’ayant pu réussir à entraîner les soldats hors de leur
fratricide discipline, il retourna vers la barricade. Mais au moment où il en
gagnait le sommet en criant : Vive la République ! le dos encore
tourné aux soldats, quelques uns de ceux-ci firent feu, certainement sans
ordres ! Ils étaient ivres. Denis Dussoubs, frappé de deux balles à la
tête, tomba foudroyé. Il était sans armes ; il venait de conjurer ces
malheureux de ne pas se faire les bourreaux de la république ; ils l’ont
tué par derrière. Il n’y a malheureusement pas à en douter. Son camarade, M.
Tallandier, a vérifié sur son cadavre la marche des balles meurtrières. »
Belouino est moins indulgent envers les militaires : « Cette voix,
durant un instant de solennel silence, est entendue de tout le quartier.
L’officier qui commande crie : « Bas les armes ! » On
refuse ; le feu commence. A la première décharge Dussoubs tombe
mort. » Mauduit, lui, ignore la présence de Dussoubs.