Il s’agit de la garde nationale parisienne qui avait une légion par arrondissement : milice bourgeoise –non rétribuée ni équipée par l’Etat– élisant ses officiers. Apparue spontanément dès 1789, organisée l’année suivante, elle se perpétue jusqu’à sa dissolution en 1827 par Charles X. Il s’en méfiait à juste titre : ses membres participent en masse aux Trois Glorieuses où ils déterminent le retournement de la troupe de ligne. Rempart de la monarchie de Juillet contre les insurrections, elle ne participe pas à la  révolution de février 1848 mais intervient dès après dans la répression de tous les mouvements insurrectionnels et particulièrement aux journées de Juin. Peu sûre, elle gênait le président qui dissout la moitié des légions, cherche à contrôler les autres. Le général Lawoestine en reçoit le commandement le 30 novembre 1851. Elle n’intervient pas en tant que telle au 2 décembre, partie parce qu’on avait pris des mesures pour l’en empêcher –Lawoestine avait été nommé à cette fin–, partie par choix politique de ses hommes et de leurs officiers. Le décret du 11 janvier 1852 la prive de l’élection de ses officiers désormais nommés. Mise en sommeil, elle sera réactivée pour les besoins de la guerre en 1870, étendue à toute la population masculine parisienne, et armée par les arsenaux –avec les conséquences qu’on sait pour la Commune.

Quant au colonel Forestier, Hugo le connaissait pour l’avoir rencontré à la mairie du 6° arrondissement, dans la soirée du 24 juin 1848. Cela éclaire sa conduite ; il avait une sérieuse raison de quitter la réunion pour accompagner ce colonel: c’était comme une manière de refaire avec lui les journées de Juin, mais de l’autre côté de la barricade.