I. Lettre au libraire Charpentier du 27 mars 1843
Timbre postal en partie coupé : mar / 27 / 18
Adresse : Monsieur Charpentier, libraire / successeur de Ladvocat / au palais royal.
En travers : pressé V.H.
27 mars
Je n’ai reçu qu’hier, monsieur, l’aimable lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Elle m’arrive un peu tard peut-être pour l’affaire que vous désirez conclure. Cependant je serai charmé de vous voir, et de faire plus ample connaissance avec vous. Si vous êtes libre et de loisir vers six heures après midi, c’est le moment où vous serez toujours sûr de me rencontrer chez moi, quand il pourra vous faire plaisir d’y venir, ce qui ne me sera certainement pas moins agréable qu’à vous.
Je vous remercie des exemplaires de + que vous avez eu la bonté de m’envoyer et vous prie de me croire bien parfaitement votre très humble et très obéissant serviteur
Vor Hugo
II. Lettre à M. Verteuil du 22 juin 1843
Adresse (autographe ?) : Monsieur Verteuil / au Théâtre Français / de la part de Mr Victor Hugo
Pas de timbre postal
Date allographe au bas de la lettre
Pourriez-vous, mon cher Monsieur Verteuil, me donner pour Les Burgraves ce soir deux places de première galerie. Je vous serai infiniment obligé.
Votre bien affectionné
Victor Hugo
III. Lettre à M. Gleizes
Adresse : Monsieur Gleizes / ancien commissaire de marine / Brest
Timbre postal : Paris / [le reste illisible]
En travers : recommandée
J’attache, Monsieur, un véritable prix à votre souvenir. Je sais tout ce que vous êtes et tout ce que vous valez. Vous avez su tempérer par la bonté une mission austère et par l’indulgence de sévères fonctions. J’ai les yeux malades, et fort peu de temps pour écrire. Soyez assez bon pour dire de ma part au malheureux Journet que je songe toujours à lui. Je ne l’abandonne pas, bien au contraire, je sais qu’il mérite et je veux qu’il espère. Quand le moment sera venu, vous me guiderez dans ce qu’il faudra faire pour lui. En attendant qu’il ait bon courage et bonne espérance. Le travail et la conduite mettent Dieu de son côté, et c’est là le meilleur des appuis.
Le vôtre, Monsieur, est celui de la providence même. Vous avez sauvé le pauvre Journet du désespoir. Vous avez mis en action l’ [énergie ?] du Samaritain. Je voudrais vous ressembler et je demande à vous aider.
Encouragez donc de ma part le pauvre condamné et veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle assurance de mes sentimens très distingués.
Victor Hugo
Paris, 15 juillet
[Hugo visite le bagne de Brest le 9 août 1834 ; le 15 juillet 1836, il n’est pas à Paris]
Notice sur le condamné Journet
Henri Journet est un forçat que Victor Hugo avait fait entrer comme
écrivain copiste dans les bureaux de l'administration des hôpitaux maritimes
à Brest, sans doute vers 1839 ou 1840.
Il y a trois lettres d'Henri Journet à VH conservées à la
MVH, données par Jean Hugo en 1953 (catalogue Maturité de VH, MVH,
1953, p. 26-27, n° 74). Dans la première, datée du 30 mai 1840, Henri Journet
remercie Hugo et lui envoie une caisse "de divers petits objets de
l'industrie galérienne" : un encrier en coco pour Victor II, des ronds de
serviette, une boîte, une valise et un porte-sac en paille pour Mme Hugo (voir
les "charmants petits ouvrages avec de la paille et des noix de coco"
de Jean Valjean dans Les Misérables, I, V, 3). Henri Journet envoie
aussi un volume de ses poésies dédicacées. Etait-il sous la forme manuscrite
? Le catalogue de la BNF ne semble pas connaître d'Henri Journet (à la
différence de René...) Sa lettre indique aussi qu'il prépare un livre
intitulé Tableaux et impressions où il "donne l'analyse des
prisons, des bagnes et de leurs habitants" et demande à VH de lui envoyer Le
Dernier Jour d'un condamné. Cette lettre étant restée sans réponse,
Henri Journet écrit à nouveau le 10 juillet 1840, et Victor Hugo lui répond.
Dans la troisième lettre, du 14 octobre 1847, il annonce sa mort prochaine; VH
y a répondu aussi.
Jean-Marc Hovasse