J. CASSIER

CATALOGUE DE LA CORRESPONDANCE

L'édition de la correspondance de Victor Hugo reste à faire. Celle ajoutée, au début des années 1950, à la grande édition des oeuvres dite de l'Imprimerie nationale restait très incomplète – moins de 5 000 lettres. Vingt ans plus tard, l'édition chronologique de Jean Massin améliore l'IN en recueillant des lettres publiées çà et là depuis, mais ne l'accroît que de quelques centaines d'unités et en retranche autant. Encore vingt ans après et de nouveau dans le sillage de la publication de l'oeuvre – chez Laffont-"Bouquins"–, Jean Gaudon et son équipe reviennent sur le chantier; les réalités du marché du livre ne leur permettent pas d'aller au-delà des deux premiers volumes (1802-1839) de la Correspondance familiale. Rien depuis.

La gloire de Hugo a vite mis hors de portée la révélation de l'inédit «important». Dès avant sa mort, ouvrages et brochures, articles et billets dans la presse, bulletins de sociétés savantes, catalogues d'autographes à vendre pullulent, dont le flot continu a fini par rendre publics les neuf dixièmes de sa correspondance. Iceberg retourné, mais dispersé en innombrables débris éparpillés sur une vaste surface.

Leur recueil a été l'objet du long, titanesque, travail de J. Cassier aboutissant à un fichier Excel de 12 200 lignes sur 23 colonnes. Remanié, toiletté, converti en application de base de données interrogeable et capable de recevoir les textes, c'est le présent catalogue. Un peu plus de 12 500 lettres y figurent, dont 7 000 ont Hugo pour auteur et 4 000 pour destinataire ; pour un millier dans chacun des deux cas le manuscrit est localisé mais n'a jamais été transcrit ni publié.

Tel quel, c'est-à-dire offrant les références des manuscrits et des publications (avec lien hypertexte, infiniment précieux, lorsqu'il est disponible) mais non les textes eux-mêmes, il a une double utilité. Déjà, sans attendre, épargner aux chercheurs, commentateurs et biographes, des efforts et des trous de mémoire, des distractions. Bientôt, offrir à l'édition proprement dite de la correspondance l'essentiel de ses sources, de sorte qu'il ne reste qu'à vérifier, transcrire et annoter. Une équiê réunie autour de J.-M. Hovasse s'y est attelée.

On ne trouvera ici que très peu des lettres de Juliette à Victor Hugo. Dupliquer le site qui les publie eût été absurde. On le regrette pourtant : leur présence aurait fait toucher du doigt que Victor Hugo reçoit – du moins conserve – trois ou quatre fois plus de lettres d'elle que de tous ses autres correspondants réunis; la lettre de Juliette est son pain quotidien.

Guy Rosa