J. CASSIER

CATALOGUE DE LA CORRESPONDANCE

L'édition de la correspondance de Victor Hugo reste à faire. Celle ajoutée, au début des années 1950, à la grande édition des oeuvres complètes dite de l'Imprimerie nationale (IN) restait très incomplète -moins de 3 000 lettres. Vingt ans plus tard, l'édition chronologique de Jean Massin (1967-1970) reprend et complète l'IN en recueillant des lettres publiées çà et là depuis, mais ne l'accroît que de quelques centaines d'unités. Encore vingt ans après et de nouveau dans le sillage de la publication de l'oeuvre -chez Laffont-"Bouquins"-, Jean Gaudon et son équipe reviennent sur le chantier; les réalités du marché du livre ne lui permettent pas d'aller au-delà des deux premiers volumes de la correspondance familiale (1802-1839). Rien depuis.

La gloire de Hugo a vite mis hors de portée la révélation de l'inédit "important". Dès avant sa mort, ouvrages et brochures, articles et billets dans la presse, bulletins de sociétés savantes, catalogues de libraires et de ventes d'autographes pullulent, dont le flot continu a fini par rendre publics les neuf dixièmes de sa correspondance. Iceberg retourné, mais dispersé en innombrables fragments éparpillés sur une vaste surface.

Leur recueil est l'objet de ce catalogue. Un peu plus de 12 000 lettres y figurent, dont 10 400 ont Hugo pour auteur (6 700) ou pour destinataire (3 700) - pour un millier dans chacun des deux cas le manuscrit est localisé mais n'a jamais été transcrit et publié.

Tel quel, c'est-à-dire offrant les références des manuscrits et des publications (avec lien hypertexte lorsqu'elles débordent la bibliothèque du hugolien moyen) mais non les textes eux-mêmes, il a une double utilité. Préparer d'abord l'édition proprement dite de la correspondance en lui offrant l'essentiel de ses sources, de sorte qu'il ne restera qu'à reproduire ou transcrire, vérifier et annoter. Mais aussi, sans attendre, dispenser les chercheurs, commentateurs et biographes, des efforts de la recherche et des absences de la mémoire -du moins partiellement.

On ne trouvera ici que très peu des lettres de Juliette à Victor Hugo. Dupliquer le site qui les publie eût été absurde. On le regrette pourtant : leur présence aurait fait toucher du doigt que Victor Hugo reçoit -du moins conserve- trois ou quatre fois plus de lettres d'elle que de tous ses autres correspondants réunis; la lettre de Juliette est son pain quotidien.