Hugo n’a pas recueilli sur le champ les informations qui suivent : il reprend de très près, et textuellement pour les citations du paragraphe suivant, le témoignage écrit qu’il a reçu de Auguste Desmoulins et qui, sous le titre Journal d’un socialiste, figure dans la collection du Cahier complémentaire.

Mais l’intérêt de ce texte est ailleurs que dans les détails d’imprimerie retenus par Hugo. Il indique en effet les circonstances et la nature politique de l’échec d’une tentative de coordination voire d’union entre les élus de la gauche et le Comité central des corporations dont Desmoulins est l’un des animateurs et qui semble avoir été, avec le Comité des représentants, la plus importante voire la seule instance susceptible d’organiser la résistance au coup d’Etat. Desmoulins accompagné de Pierre et Jules Leroux s’est présenté à la réunion de la gauche tenue le 2 chez Beslay, rue de la Cerisaie mais Hugo ne le mentionne pas dans son récit de cette réunion en  I, 16. Il a pourtant le texte de Desmoulins sous les yeux : « Nous avions demandé, comme délégués des corporations à assister à cette séance ; mais on s’y était opposé en disant que nous n’avions pas la qualité de représentants. Du reste, l’opinion qui consistait à réunir la minorité en Convention […] avait été écartée devant un avis tout opposé, l’avis du citoyen Madier de Montjau qui demandait que les représentants allassent deux par deux parés de leur écharpe soulever les faubourgs. Cette résistance individuelle pratiquée le lendemain devait coûter la vie au citoyen Baudin sans rien produire d’utile au succès de la défense. » Le récit de Hugo ne fait pas état de cette intervention de Madier de Montjau, analogue à la sienne, mais ce dernier la mentionne, dans les mêmes termes, dans le témoignage écrit qu’il lui adresse et qui se trouve au Cahier complémentaire.